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Interview photographe : Rencontre avec Ronan Echerbault

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Photographe et vidéaste d’origine normande, Ronan Echerbault vit depuis plusieurs années à Tokyo. Au travers de ses photographies, Ronan dépeint sa perception, son ressenti, et toutes les émotions qui le traversent lors de ses pérégrinations japonaises.

 

Si tu dois te présenter en quelques mots ? Qui es-tu ? Où vis-tu ?

Ronan Echerbault-Matsuoka, Normand d’origine ayant fait ses armes du côté des études de cinéma et audiovisuel avant de devenir autodidacte en photographie.
Je vis actuellement à Tokyo, au Japon, depuis cinq ans maintenant.

portrait ronan echerbault
Portrait de Ronan Echerbault

Quelle est ton histoire avec ce pays ?

Le Japon résonne en moi depuis gamin, l’effet combiné de la culture populaire japonaise ayant traversé la moitié du globe jusqu’à nous dans les années 80’/90’ et une attirance presque magnétique à cette culture si particulière.
Je suis venu la première fois il y a maintenant plus de 12 ans, en mars 2008. L’accomplissement d’un rêve de gosse !
La graine nippone plantée en moi, je n’ai cessé de revenir dans ce pays avant de m’y installer et vivre au rythme du Japon.

Quels sont les 5 spots incontournables à shooter selon toi ? Et en bonus ton quartier préféré? (Dans ton pays de résidence, ou ailleurs.)

Si je ne m’arrête qu’à mon pays de résidence histoire de canaliser, je pense dans un premier temps au mont Aso, dans la région de Kumamoto, une caldeira aux apparences parfois lunaires. Nara, non seulement la ville ,mais surtout l’ensemble de sa région, berceau du bouddhisme japonais et endroit riche de culture. La région d’Hokkaido pour son rapport à la nature et son climat particulier pour le pays, aussi bien en été qu’en hiver.
Pour finir, les deux soeurs némésis du Japon, Tokyo et Osaka, terrains de jeux parfaits pour les photographes de rue, l’une pour son impermanence fascinante, l’autre pour son foisonnement d’humanité.

ronan echerbault la foret des brumes format standard vertical
Ronan Echerbault – La Forêt des Brumes

Depuis combien de temps fais-tu de la photo et pourquoi tu as choisi cet art ?

Le premier souvenir que j’ai et celui d’avoir été dans un premier temps spectateur tout petit. Mon père avait un appareil photo argentique, Praktica BMS, modèle germanique assez basique et suffisant pour le photographe amateur qu’il était. C’est en particulier lors du développement de ses négatifs dans la cave et cette lumière rouge qui me fascinaient. Voir la photo apparaître sur le papier dans cette ambiance était pour moi loin d’être de la chimie, mais plutôt de la magie.
J’ai véritablement commencé la photo lors de mon premier voyage au Japon en 2008. L’idée était de revenir avec une trace, un témoignage et raconter les choses que j’y avais vécu et partager mon expérience. J’ai effectué deux expositions en normandie où j’ai pu échanger et discuter avec les visiteurs et je n’ai plus lâché d’appareil photo depuis.

Quel matériel utilises-tu ?

En numérique, je suis équipé de boîtiers Sony, A6500 et Alpha 7RIII. Mon parc optique est principalement composé d’optiques Sony et de quelques lentilles Voigtländer NOKTON Classic qui par leurs imperfections offrent des photos parfaites.
En argentique, j’utilise un Minolta CLE et le Praktica BMS de mon père que j’ai retapé à neuf.

ronan echerbault perspective du fil format standard vertical
Ronan Echerbault – Perspective du Fil

Dans ton sac tu as toujours… ?

Un appareil photo, une batterie ou une pellicule de rechange suivant le modèle que j’ai pris cette journée là. Sortir sans un appareil sur soi me fait me sentir tout nu ! Une jolie malédiction.

Quelles sont les 15 minutes idéales dans une journée ?

Je n’arrive pas à me décider entre l’aube et le crépuscule. Ce sont deux moments quasi instantanés, qui offrent toujours avant et après des couleurs éphémères parfois subjuguantes, presque irréelles. Ce sont deux moments qui évoluent très rapidement à tel point que deux photos prises à dix secondes d’écarts ne vont pas décrire les mêmes choses.

Une photo réussie pour toi c’est quoi ? Et d’ailleurs, quel est ton dernier kiff photo ?

Une photo réussie pour moi, c’est une photo qui raconte une histoire et vous fait pousser un arbre de jolies réflexions dans la tête. Une photo peut être techniquement pas propre voire floue, elle restera mémorable si elle vous a touchée. C’est le cas de beaucoup de photographies célèbres d’ailleurs, ce n’est surement pas un hasard.
Mon dernier plaisir photo fut une sortie en vélo sur les berges de la rivières Arakawa qui traverse Tokyo à l’est et nord de la ville. Le chemin faisant office de digue, on surplombe les quartiers environnants et lors du coucher de soleil, les silhouettes se dessinent et la ville s’électrise progressivement. Je suis resté bloqué longtemps à un passage à niveau au dessus de voies de trains donnant accès à une petite gare. Les lumières étaient folles ! Les immeubles dans le fond qui se superposent et forment une colline de lumières et de béton. J’ai observé longtemps, j’ai pris peu de photos. Quand un endroit me fascine graphiquement, j’ai souvent plus tendance à l’observer qu’à le photographier.

ronan echerbault tokyo electric format standard horizontal
Ronan Echerbault – Tokyo Electric

Quelles sont tes influences artistiques, musicales et autres… ? Ton artiste préféré ?

Énormément de choses ! Entre les bouquins de Terry Pratchett, les bandes dessinées de Don Rosa ou les mangas de Asao Inio, la musique allant du classique au métal en passant par le lo-fi, etc. Ma plus grande inspiration reste possiblement le cinéma qui est un art qui me fascine toujours autant. Mais si je commence à citer des noms, on a pas terminé !

Quelle(s) est (sont) les émotions et histoires que tu tentes de communiquer au travers de ton art ?

En ce qui concerne les émotions, ce sont souvent celles ressenties sur le moment, que ça soit aussi bien de la joie que de la mélancolie. Concernant mon terrain de jeu qu’est le centre de Tokyo, je tente d’appréhender chacun de ses aspects, saisir ce qui ne peut l’être dans une ville en perpétuel changement. Essayer de capturer la place de l’humain qui évolue dans une ville qui est elle même vivante et sans doute la symbiose et cohabitation qui peut s’opérer entre ces deux protagonistes.
Chris Marker, réalisateur français, dans son documentaire de 1984 « Sans Soleil » disait : « Tokyo est une ville parcourue de trains, cousue de fils électriques, elle montre ses veines. »
Et je trouve que ça fait toujours sens aujourd’hui.

Une anecdote amusante à nous partager ?

Je ne sais pas si elle est amusante mais je regarde pas mal de livres photographiques, je vais voir des expositions photos, je suis pas mal de photographes sur internet et les réseaux sociaux … et dans la très grande majorité des cas je serais incapable de vous donner leurs noms ! C’est ma grande malédiction ! Ça ne me le fait pour aucun autre domaine. Je sais reconnaître pas mal les styles mais j’ai toujours un problème à remettre le nom de l’artiste derrière.

Si tu avais un conseil à donner pour faire le même métier, lequel serait-il ?

Observer, les choses, les personnes, les mouvements, etc. L’oeil s’entraîne et s’habitue à son entourage et possède sa propre « mémoire ». À l’instar du vélo, votre regard sur les choses ne se perd pas et ne peut que se bonifier avec le temps.
De nos jours, les appareils photos ont beaucoup réduits leurs écarts concernant leurs différences. Peu importe le modèle, pensez le comme l’extension de votre vue, l’outil auquel il faut se familiariser jusqu’à ce qu’il fasse partie de vous-même. La technique s’acquièrent relativement facilement suivant la photo que vous souhaitez réaliser.
Mais je pense que le plus important à forger c’est son regard et cela passe par beaucoup d’observation. C’est ce qui va définir au final votre propre style, qui vous êtes en tant que photographe.

ronan echerbault playtime format standard vertical
Ronan Echerbault – Playtime

Tu fais partie des 15 artistes sélectionnés sur Quinz. Quelle est ton œuvre préférée parmi tout le site ?

J’ai pas encore tout vu !
(NDLR : au moment de cette interview la boutique n’avait pas encore ouvert ses portes.)

Quel est ton rapport à l’écologie ? Est-ce une réelle préoccupation pour toi ? Mets-tu en place des actions éco responsables au quotidien ?

J’ai toujours été sensible à l’écologie en grande partie grâce à mes parents qui le sont aussi. J’ai toujours fait le tri, le compost dans la jardin, fait attention à mes méthodes de consommation. J’ai d’ailleurs été ambassadeur écologique pendant quelques mois allant de porte en porte pour sensibiliser les gens et leur donner deux trois astuces concernant le recyclage et autre pratiques écologiques.

Quinz s’engage dans un programme de reforestation, qu’en penses-tu ?

Je ne peux qu’être enthousiaste à l’idée ! J’ai d’ailleurs un arbre à mon nom en Normandie planté dans un projet de reforestation 🙂

Un mot pour finir ?

« Kakera », ce qui signifie « fragment » en japonais. Nous rappeler que nous sommes infimes et à la foi l’éclat d’un ensemble. On laisse notre empreinte d’une manière ou d’une autre, un fragment de vie, et celui-ci peut se manifester par la photographie.

Retrouver l’ensemble des photos d’art de Ronan dans sa galerie dédié sur Quinz.

ronan echerbault nuit de typhon mercure format standard horizontal
Ronan Echerbault – Nuit de Typhon – Mercure
ronan echerbault nuit de typhon neon format standard horizontal
Ronan Echerbault – Nuit de Typhon – Néon
ronan echerbault geometrie du foyer format standard vertical
Ronan Echerbault – Géometrie du Foyer
Résumé en photo de l'article

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